Les entreprises à la recherche de la qualité de vie ou du bonheur au travail
22 juin 2017
Droit à l’égalité de traitement, à la formation, au repos, à la santé, à l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée, à la déconnexion, à la prise immédiate des congés payés, à l’égalité hommes-femmes, à l’expression, et si tout simplement on parlait de droit au bonheur dans l’entreprise.
L’avènement de l’entreprise « post industrielle » conduit les chefs d’entreprise à devoir repenser leur modèle de développement, en axant sur la maîtrise des technologies de l’information et de la communication, sur le développement des connaissances et sur la créativité dans un contexte de mondialisation, de développement durable et de responsabilité sociétale.
Dans ce contexte, ils doivent cependant prendre également en compte le bien-être des salariés, c’est ainsi qu’un simple changement d’affectation dans un même secteur géographique ne doit pas porter atteinte aux droits du salarié, à la santé, au repos et à une vie personnelle et familiale, et doit être justifié par la tâche à accomplir et être proportionné au but recherché (cass. soc. 16 novembre 2016 n°15-23.375 ; arrêt n°2082 F-D).
Si la Haute Cour ne met pas totalement en cause le pouvoir de direction de l’employeur, elle l’incite à veiller à ce que dans ses décisions, il préserve les droits fondamentaux des salariés.
Au-delà du respect de la vie personnelle, mais sur le terrain du respect de la santé des salariés, depuis le 1er janvier 2017, la négociation annuelle obligatoire dans les entreprises doit porter notamment sur le droit à la déconnexion, dans le cadre de la négociation sur l’égalité professionnelle hommes-femmes et la qualité de vie au travail.
La loi Rebsamen du 17 août 2015, relative au dialogue social et à l’emploi, a en effet intégré au Code du travail la notion de Qualité de Vie au Travail, qui couvre les sujets suivants (article L. 2242-8 du Code du travail) :
- articulation entre vie personnelle et vie professionnelle ;
- objectifs et mesures permettant d’atteindre l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ;
- lutte contre les discriminations en matière de recrutement, d’emploi, d’accès à la formation professionnelle ;
- insertion professionnelle et le maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés ;
- modalités de définition d’un régime de prévoyance et de complémentaire santé ;
- exercice du droit d’expression directe et collective ;
- modalités du droit à la déconnexion et mise en place de dispositifs de régulation des outils numériques en vue d’assurer le respect des temps de repos et de congé ainsi que de la vie personnelle et familiale.
Le bien-être au travail devient donc une valeur-clef et incontournable dans la gestion des ressources humaines.
Un dialogue social efficace et constructif doit permettre de s’engager résolument dans un processus visant à maîtriser les nouvelles technologies de l’information et de la communication, au service de la compétitivité des entreprises, dans le respect de la vie privée des salariés et en favorisant leur bien-être au travail, ceci devant favoriser l’attractivité de l’entreprise, l’amélioration de la créativité, l’engagement, la motivation professionnelle, la fidélisation des salariés et la diminution de l’absentéisme.
Auteur
Françoise Albrieux-Vuarchex, Avocat associé, droit social, CMS Bureau Francis Lefebvre Lyon
Les entreprises à la recherche de la qualité de vie ou du bonheur au travail – Article paru dans Acteurs de l’économie en mai 2017
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