Covid-19 : les droits à la protection sociale complémentaire du salarié en activité partielle
10 septembre 2020
L’article 12 de la loi n° 2020-734 du 17 juin 2020 prévoit des dispositions sur le sort des régimes de prévoyance et frais de santé (et de certains autres régimes de protection sociale complémentaire) pour les salariés placés en position d’activité partielle. Focus sur les obligations des employeurs.
Les régimes de protection sociale complémentaire (prévoyance, et certains régimes de frais de santé) ont le plus souvent des cotisations assises sur le salaire soumis à cotisations de sécurité sociale. Or, l’indemnité d’activité partielle n’est pas un salaire et n’entre pas dans l’assiette de cotisations sociales. Il n’y a donc pas lieu en principe de prélever de cotisations de protection sociale complémentaire sur cette indemnité. L’inconvénient est qu’en l’absence de cotisations, il n’y a pas de prestation.
Dans un premier temps, pour remédier à cette situation, les assureurs ont collectivement appelé à prélever les cotisations sur les indemnités d’activité partielle alors même que les contrats prévoient que les cotisations ne peuvent être appelées que sur des rémunérations. Cette position a été jugée non suffisamment sécurisée compte tenu du risque de contestation non seulement des salariés mais également des employeurs qui refuseraient de cotiser au régime.
Dans un deuxième temps, un projet d’accord national interprofessionnel visant à contraindre les employeurs à cotiser pour les régimes de protection sociale sur les indemnités d’activité partielle a été proposé. Ce projet n’a finalement pas abouti car certaines organisations professionnelles s’y sont opposées puisque cela créait une obligation de cotisation pour les entreprises de certains secteurs d’activité déjà fortement impactés par la crise sanitaire.
C’est finalement dans la loi relative à diverses dispositions liées à la crise sanitaire, à d’autres mesures urgentes, ainsi qu’au retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne qu’a été prévu le maintien des couvertures santé et prévoyance des salariés placés en activité partielle.
L’article 12 de la loi n° 2020-734 du 17 juin 2020 a pour objet d’imposer de cotiser sur l’indemnité d’activité partielle prévue par la loi (c’est-à-dire à hauteur de 70 % de la rémunération brute) au titre des régimes de prévoyance, frais de santé, risque chômage, indemnité de fin de carrière, quand les cotisations sont calculées sur la rémunération, nonobstant les stipulations des conventions, accords et décisions unilatérales prises par le chef d’entreprise ainsi que les clauses des contrats d’assurance.
Pour les entreprises qui ont choisi de cotiser à ces régimes sur une indemnité d’activité partielle complémentaire (au-delà de 70 % de la rémunération brute), elles doivent conclure un accord collectif ou prendre une décision unilatérale, selon le support de la protection sociale complémentaire, et faire un avenant au contrat d’assurance.
Cet article étant applicable à compter du 12 mars 2020 et jusqu’au 31 décembre 2020, l’accord collectif, la décision unilatérale et l’avenant au contrat d’assurance devront avoir une date d’effet rétroactive.
Ainsi, il convient d’être vigilant sur ce point et, le cas échéant, de procéder à la modification de l’accord ou de la décision unilatérale. A défaut, il existerait à notre sens un risque de redressement URSSAF sauf tolérance (temporaire) de l’Administration.
A lire également
AP/APLD : Questions-réponses dans le contexte du conflit en Ukraine... 17 mars 2022 | Pascaline Neymond
Les séminaires d’entreprise : comment éviter un redressement Urssaf ?... 5 mars 2018 | CMS FL
Taux horaires de l’indemnité et de l’allocation d’activité partielle des... 31 août 2022 | Pascaline Neymond
Le protocole sanitaire en entreprise est mis à jour !... 10 août 2021 | CMS FL Social 5
Covid-19 : de nouvelles adaptations en matière de droit du travail... 12 juin 2020 | CMS FL Social
Covid-19 : nouvelles mesures de gestion de crise sous le signe de la vigilance... 15 novembre 2021 | Pascaline Neymond
Les nouveautés en matière de contrôle URSSAF depuis le 1er janvier 2020 : ana... 29 janvier 2020 | CMS FL Social
Intéressement : les dernières précisions de la Cour de cassation... 10 juin 2022 | Pascaline Neymond
Articles récents
- La convention d’assurance chômage est agréée
- Sécurité sociale : quelles perspectives pour 2025 ?
- L’intérêt à agir exclut la possibilité pour un syndicat professionnel de demander la régularisation de situations individuelles de salariés
- Présomption de démission en cas d’abandon de poste : les précisions du Conseil d’Etat sur le contenu de la mise en demeure
- Quel budget pour la sécurité sociale en 2025 ?
- Syntec : quelles actualités ?
- Modification du taux horaire minimum de l’allocation d’activité partielle et de l’APLD
- Congés payés acquis et accident du travail antérieurs à la loi : premier éclairage de la Cour de cassation
- Télétravail à l’étranger et possible caractérisation d’une faute grave
- La « charte IA » : un outil de contrôle et de conformité désormais incontournable