Arrêt d’activité et placement en activité partielle pendant l’épidémie covid-19 : la prudence est de mise
20 mars 2020
Le président Emmanuel Macron a annoncé lundi soir la mise en place d’une mesure générale de confinement sur l’ensemble du territoire français pour lutter contre la propagation du coronavirus. Si cette mesure implique clairement la mise en place du télétravail pour tous les salariés qui le peuvent, elle n’a pas pour effet d’obliger les entreprises à réduire ou à cesser leur activité.
Depuis mardi et l’intervention télévisée du Premier ministre Edouard Philippe, le Gouvernement modifie sa communication et insiste sur le fait que l’activité des entreprises doit se poursuivre.
Une affirmation : les mesures de confinement ne doivent pas se traduire par un arrêt de l’activité économique du pays
L’activité des entreprises ne doit pas être arrêtée mais faire l’objet d’un aménagement pour faire face à la crise sanitaire. Seules sont arrêtées les activités qui impliquent des regroupements de population et ne présentent pas un caractère essentiel à la vie de la nation (bars, cafés, restaurants, cinémas, centres commerciaux, etc.) qui sont énumérées par l’arrêté du 15 mars 2020 (JO du 16).
Pour les autres secteurs, le QR du Ministère l’affirme : le principe est la continuité de l’activité, en appliquant les mesures adaptées, c’est-à-dire en respectant les mesures de prévention prescrites par le Gouvernement. Ces adaptations sont de nature à garantir la protection des salariés, tout en assurant le maintien de l’activité économique. Les salariés doivent donc continuer à se rendre sur leurs lieux de travail lorsque le télétravail n’est pas possible.
Les Direccte relaient d’ores et déjà ce message. Ainsi, elles rappellent que doivent se poursuivre les activités non impactées par les interdictions d’ouverture (chantiers de bâtiments et travaux publics, établissements industriels, entrepôts, marchés de gros, livraisons, artisanat, exploitations agricoles, etc.). Cette poursuite doit être réalisée pour les postes qui le permettent par la mise en place du télétravail, et pour ceux qui ne le permettent pas, en respectant les consignes sanitaires du ministère du Travail (point 16 du QR du ministère du Travail).
Un principe : le recours à l’activité partielle est limité aux entreprises dont l’activité est impactée par l’épidémie de Covid-19
Toutes les entreprises dont l’activité est réduite du fait de l’épidémie de coronavirus et notamment celles qui font l’objet d’une obligation de fermeture en application de l’arrêté du 15 mars 2020 sont éligibles au dispositif d’activité partielle. Ce dispositif est activable de manière dématérialisée sur le site ici. Les entreprises disposent d’un délai de 30 jours pour déposer leur demande, avec effet rétroactif.
Pour les autres entreprises (industrielles, du BTP, artisanales, agricoles), la règle est de continuer avec le respect des mesures barrières (télétravail, respect des distances, pas de réunions avec un trop grand nombre de participants, etc.). Ainsi, « si les circonstances, peuvent amener à reporter certains projets, voire à arrêter certaines activités si l’employeur pense ne pas pouvoir assurer la sécurité sanitaire, l’arrêt de l’activité n’est pas la règle mais l’exception ».
Compte tenu des positions prises par le Gouvernement et relayées par les Direccte, il est à craindre que le recours à l’activité partielle dans le cadre d’un arrêt de l’activité ne soit admis que de façon restrictive par les Direccte : seules les entreprises dont l’activité aura été réduite du fait de l’épidémie de Covid-19 devraient pouvoir bénéficier du dispositif d’activité partielle. La vigilance est donc de mise.
A lire également
Mesures de gestion de la crise sanitaire intéressant la matière sociale pouvan... 17 novembre 2020 | CMS FL Social
Le ministère du Travail précise les conditions de recours à l’activité par... 14 décembre 2022 | Pascaline Neymond
Guide pratique de l’activité partielle... 14 octobre 2014 | CMS FL
Reconfinement du pays : les conditions et les modalités sont précisées... 30 octobre 2020 | CMS FL Social
Augmentation du Smic et des taux planchers de l’allocation d’activité parti... 1 octobre 2021 | Pascaline Neymond
Obligation vaccinale, pass sanitaire : les précisions de l’administration... 10 août 2021 | CMS FL Social 5
Pass sanitaire, obligation vaccinale : décision du 5 août 2021 du Conseil cons... 6 août 2021 | Droit Social 4
Covid-19 et salariés placés dans l’impossibilité de continuer à travai... 2 octobre 2020 | CMS FL Social
Articles récents
- Rapport de durabilité : la nouvelle obligation de consultation du CSE entre en vigueur le 1er janvier 2025
- Statut de lanceur d’alerte : le Défenseur des droits et la jurisprudence précisent ses contours
- Enquêtes internes : des règles en constante évolution
- Pas de co-emploi sans immixtion dans la gestion économique et sociale de la société : illustration en présence d’une société d’exploitation
- Fixation du plafond de la sécurité sociale pour 2025
- Un salarié licencié pour harcèlement sexuel ne peut se prévaloir du phénomène «#Metoo»
- Régimes de retraite des dirigeants : prestations définies versus actions gratuites
- SMIC : Relèvement du salaire minimum de croissance au 1er novembre 2024
- Inaptitude et reclassement : c’est au salarié qu’il appartient de rapporter la preuve d’une déloyauté de l’employeur
- Conférence – Gestion des fins de carrière : que font les entreprises et quelles solutions à dispositions ?