Contrôle URSSAF : belle victoire pour les droits des cotisants !
27 janvier 2022
Si le contrôle, par les URSSAF, de l’application de la législation sociale est la contrepartie légitime du système déclaratif, encore faut-il qu’à l’issue du contrôle, le cotisant soit en mesure de comprendre ce qu’il doit et à quel titre. Lorsque ce n’est pas le cas, la mise en demeure est nécessairement nulle.
(CA Toulouse, 3 décembre 2021, n° RG 20/00562)
Le contrôle URSSAF est une étape redoutée pour bon nombre de cotisants pour trois principales raisons :
-
- il s’avère chronophage pour le dirigeant ou ses équipes ce qui génère un coût certain ;
-
- la complexité de la réglementation expose les entreprises au sentiment qu’elles seront nécessairement « en écart » quelque part ;
-
- il génère une crainte sur l’impact financier qu’il aura.
Une fois l’étape des vérifications terminée vient celle de tirer, en interne, les conséquences du contrôle à la lecture de la lettre d’observations notifiée par l’URSSAF. Lorsque les chefs de redressement sont nombreux, ce qui était le cas en l’espèce, il convient de déterminer, observation par observation :
-
- ce qui doit faire l’objet d’une mise en conformité par une modification du traitement en paie ou par la mise en place d’un processus adapté (collecte de justificatifs conforme aux attentes de l’URSSAF par exemple) ;
-
- ce qui n’emporte pas l’adhésion du cotisant sur le constat dressé par l’URSSAF ou son interprétation du droit. Dans ce cas, une réponse aux observations de l’URSSAF sera établie par la société afin d’obtenir une révision du redressement par le contrôleur ; puis, le cas échéant, si la révision souhaitée n’est pas obtenue, une contestation de la mise en demeure sera déposée devant la Commission de recours amiable.
A chaque stade de la procédure, à savoir à la réception de la lettre d’observations puis à la réception de la lettre de révision du redressement par le contrôleur et enfin au stade décisionnel de la mise en demeure, les entreprises dressent donc le bilan des chefs de redressement chiffrés et des actions à mener pour chacun.
Néanmoins, lorsque les sommes reprises sur la mise en demeure ne correspondent pas aux montants portés dans la lettre d’observations ni aux modifications chiffrées résultant de la révision du redressement par le contrôleur ou lorsque la mise en demeure ne fait pas clairement référence aux modifications entérinées dans la lettre de révision du contrôleur, il est impossible pour le cotisant de savoir ce qui est dû et à quel titre. Dans ce cadre, la mise en demeure encourt la nullité.
C’est ce qu’a décidé la cour d’Appel de Toulouse dans son arrêt du 3 décembre dernier, considérant que la mise en demeure est nulle lorsque les mentions de la mise en demeure et de sa lettre d’accompagnement sont insuffisantes pour permettre à la Société, eu égard aux variations des montants des redressements, de connaître les montants définitifs, par nature de cotisations et par période de paiement demandé.
A lire également
Travail dissimulé : l’information et la communication par l’URSSAF du procÃ... 11 juillet 2023 | Pascaline Neymond
Redressement sur l’accord ou le plan senior : les URSSAF sanctionnent l&rs... 3 septembre 2014 | CMS FL
Retrait des outils professionnels du salarié dispensé de préavis : possible m... 28 mars 2017 | CMS FL
Contrôle URSSAF : focus sur l’avis de contrôle... 29 juillet 2015 | CMS FL
Avantages alloués par le comité d’entreprise et redressement URSSAF... 18 juin 2014 | CMS FL
Le traitement en paye des indemnités de non-concurrence : quel changement ?... 14 mars 2022 | Pascaline Neymond
La situation de déplacement professionnel des salariés portés : une applicati... 5 juillet 2023 | Pascaline Neymond
Recouvrement des cotisations : un décret apporte des garanties supplémentaires... 13 avril 2023 | Pascaline Neymond
Articles récents
- La convention d’assurance chômage est agréée
- Sécurité sociale : quelles perspectives pour 2025 ?
- L’intérêt à agir exclut la possibilité pour un syndicat professionnel de demander la régularisation de situations individuelles de salariés
- Présomption de démission en cas d’abandon de poste : les précisions du Conseil d’Etat sur le contenu de la mise en demeure
- Quel budget pour la sécurité sociale en 2025 ?
- Syntec : quelles actualités ?
- Modification du taux horaire minimum de l’allocation d’activité partielle et de l’APLD
- Congés payés acquis et accident du travail antérieurs à la loi : premier éclairage de la Cour de cassation
- Télétravail à l’étranger et possible caractérisation d’une faute grave
- La « charte IA » : un outil de contrôle et de conformité désormais incontournable