Les délais préfix de consultation du CE sécurisés par le Conseil constitutionnel

10 octobre 2017
La loi relative à la sécurisation de l’emploi et divers textes qui ont suivi1 ont encadré les délais d’une partie des consultations du comité d’entreprise (CE), notamment celles portant sur les cessions d’entreprise.
Une fois passés ces délais d’un, deux, trois ou quatre mois, les avis du CE (mais également des autres instances comme le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail – CHSCT) sont réputés négatifs. La loi prévoit cependant un garde-fou en permettant au CE de saisir le président du Tribunal de grande instance, pour faire suspendre la procédure de consultation au cas où des informations pertinentes seraient manquantes (articles L. 2323-3 et R. 2323-1-1 du Code du travail).
A l’occasion des litiges nés de l’application de cette dernière règle, la Cour de cassation a précisé, notamment dans deux arrêts en date du 21 septembre 20162, que si le juge, pour rendre sa décision, dépasse le délai de consultation imparti au CE, il ne peut plus se prononcer. Ces décisions ont dès lors rendu quasiment inopérante une telle action judiciaire compte tenu des délais généralement constatés pour qu’un juge rende une décision dans ce type de contentieux.
C’est dans ce contexte que des représentants du personnel ont saisi le Conseil constitutionnel, par le mécanisme de la question prioritaire de constitutionnalité, pour contester la validité des dispositions qui apparaissent litigieuses au regard des principes constitutionnels de participation des travailleurs et du droit à un recours effectif.
Le Conseil constitutionnel a cependant considéré suffisantes les garanties prévues par la loi au bénéfice des représentants du personnel3.
Cette décision de conformité vient donc conforter une importante mesure qui visait à assurer une prévisibilité du droit dans ce domaine. Cet objectif va d’ailleurs être amplifié par les ordonnances portant réforme du droit du travail qui vont faciliter plus encore le pilotage des procédures de consultation en unifiant les instances au sein d’un nouveau « comité social et économique », lequel conservera tout le bénéfice de la décision précitée du Conseil constitutionnel.
Notes
1 Loi du 14 juin 2013 relative à la sécurisation de l’emploi, loi Rebsamen du 17 août 2015, décret du 29 juin 2016.
2 Cass. soc., 21 septembre 2016, n°15-13.36 et n°15-19 003.
3 Décision n° 2017-652 QPC du 4 août 2017.
Auteur
Pierre Bonneau, avocat associé, droit social
Les délais préfix de consultation du CE sécurisés par le Conseil constitutionnel – Article paru dans La Lettre des Fusions-Acquisitions et du Private Equity, supplément du magazine Option Finance du 2 octobre 2017
Related Posts
L’immatériel et l’appréciation des risques sociaux dans les opérations de... 12 avril 2022 | Pascaline Neymond

Le comité social et économique : entre nouveautés et continuité de la repré... 4 octobre 2017 | CMS FL

Discrimination syndicale : de la nécessaire justification des différences... 17 décembre 2014 | CMS FL

Information des salariés sur les opérations de cession : l’épilogue ?... 18 avril 2016 | CMS FL

Fiscalité : «Une victoire des entrepreneurs devant le Conseil constitutionnelÂ... 26 février 2016 | CMS FL

La série judiciaire du co-emploi dans un groupe de sociétés continue... 2 novembre 2016 | CMS FL

Calcul des budgets du comité d’entreprise : un compte d’apothicaire ?... 12 juin 2014 | CMS FL
Le périmètre de l’obligation consultative du CE en cas de cession d’une br... 2 novembre 2015 | CMS FL

Articles récents
- La relation de travail mise à nue ou quand l’employeur est obligé de tout dévoiler au salarié
- Exercice d’une activité réglementée : n’omettez pas de vérifier que vos salariés sont en possession des diplômes nécessaires !
- Stop the clock : l’impératif de compétitivité reprend le dessus sur les obligations des entreprises en matière de durabilité
- Activité partielle de longue durée rebond : le décret est publié
- Quand le CSE stoppe le déploiement de l’IA
- A l’approche du mois de mai, comment gérer les ponts et les jours fériés ?
- Refus d’une modification du contrat de travail pour motif économique : attention à la rédaction de la lettre de licenciement !
- Statut de cadre dirigeant – attention aux abus !
- Licenciement pour insuffisance professionnelle d’un salarié protégé : le Conseil d’Etat remplace l’obligation préalable de reclassement par une obligation d’adaptation
- Contrat d’engagement et offre raisonnable d’emploi : précisions sur le « salaire attendu »