Organiser le travail de nuit : les principales règles à respecter
18 juin 2021
Si son activité le justifie, une entreprise peut faire travailler une partie de son personnel la nuit. Par souci de protection de la santé et de la sécurité des salariés, cette organisation du travail est étroitement encadrée.
Mise en place du travail de nuit
Le recours au travail de nuit doit rester exceptionnel et répondre à deux conditions :
-
- prendre en compte les impératifs de protection de la santé et de la sécurité des travailleurs ;
-
- être justifié par la nécessité d’assurer la continuité de l’activité économique ou des services d’utilité sociale.
L’employeur peut instituer le travail de nuit sur la base d’un accord collectif de branche ou conclure son propre accord collectif. L’accord est présumé négocié et conclu conformément aux conditions ci-dessus.
A défaut de stipulations conventionnelles (de branche ou d’entreprise) et à condition que l’employeur ait d’abord engagé sérieusement et loyalement des négociations en vue de la conclusion d’un tel accord, les travailleurs peuvent être affectés à des postes de nuit sur autorisation préalable de l’inspecteur du travail accordée notamment après vérification des contreparties accordées.
Qu’il y ait ou non négociation d’un accord collectif sur le travail de nuit, la consultation des représentants du personnel dans les entreprises de 11 salariés et plus reste une obligation correspondant à la mission générale de ce dernier, lors de la mise en œuvre effective du travail de nuit ou lors des modifications importantes. En revanche, il ne semble plus obligatoire que cette consultation ait lieu avant la négociation de l’accord.
Les contreparties du travail de nuit
En effet, le travailleur de nuit bénéficie de contreparties au titre des périodes de nuit pendant lesquelles il est occupé. Cette contrepartie, fixée dans l’accord collectif ou la demande d’autorisation à l’inspecteur du travail, prend obligatoirement la forme de repos compensateurs et, le cas échéant, la forme de compensation salariale (facultative).
Il sera donc impératif d’accorder des contreparties aux travailleurs de nuit.
Définition de la période de travail de nuit
La période de travail de nuit peut être fixée par accord collectif. Cette période doit être d’au moins 9 heures consécutives comprenant l’intervalle entre minuit et 5 heures. Elle commence au plus tôt à 21 heures et s’achève au plus tard à 7 heures.
Si elle n’est pas définie par accord, elle couvre la plage horaire allant de 21h à 6h.
L’inspecteur du travail peut autoriser une période différente de celle fixée par les règles supplétives (entre 21h00 et 6h00).
Définition du travailleur de nuit
Il ne suffit pas, pour bénéficier des droits spécifiques introduits par la loi, de travailler la nuit.
Il faut aussi pouvoir être qualifié de travailleur de nuit. Ainsi, un salarié est qualifié de travailleur de nuit dès lors :
-
- soit qu’il accomplit, au moins deux fois par semaine, selon son horaire de travail habituel, au moins trois heures de nuit quotidiennes ;
-
- soit qu’il accomplit, au cours d’une période de référence, un nombre minimal d’heures de travail au cours de la période de travail de nuit applicable dans l’entreprise. Ce nombre minimal d’heures est fixé par un accord collectif étendu. A défaut de telles stipulations conventionnelles, le nombre minimal d’heures entraînant la qualification de travailleurs de nuit est fixé à 270 heures sur une période de référence de 12 mois consécutifs.
Un salarié travaillant de nuit peut ne pas être un travailleur de nuit s’il n’en remplit pas les conditions.
La durée maximale quotidienne de travail
Au quotidien, un salarié ne peut pas effectuer plus de 8 heures de nuit. Cette durée s’entend comme 8 heures consécutives sur la période de travail effectuée par le travailleur de nuit, qui peut être comprise sur toute ou partie sur la période de référence de nuit.
Par exception, un accord collectif peut notamment autoriser le dépassement de cette durée maximale dans certaines circonstances, notamment pour les salariés exerçant des activités :
-
- caractérisées par l‘éloignement entre leur domicile et leur lieu de travail ou par l’éloignement entre leurs différents lieux de travail ;
-
- de garde, de surveillance et de permanence caractérisées par la nécessité d’assurer la protection des biens et des personnes ;
-
- assurant la continuité du service ou de la production.
Le dépassement peut aussi être autorisé par l’inspecteur du travail, dans des circonstances exceptionnelles. De même, l’employeur peut, dans certaines situations, prendre la décision de dépasser, sous sa propre responsabilité cette durée maximale.
La consultation du médecin du travail
Par ailleurs, le médecin du travail doit être consulté avant toute décision importante relative à la mise en place ou la modification de l’organisation du travail de nuit.
Sanctions
Il est essentiel de respecter les règles relatives au travail de nuit. Le fait de méconnaître les dispositions légales et règlementaires relatives au travail de nuit peut entraîner différentes sanctions, notamment :
-
- des sanctions pénales : amende de 1500 euros (maximum), prononcée autant de fois qu’il y a de salariés concernés par l’infraction ;
-
- des sanctions civiles : droit au paiement de dommages-intérêts au profit des salariés.
Article publié dans les Echos le 18/06/2021
A lire également
« TransCo » : un dispositif multifonctions à mobiliser... 7 juin 2023 | Pascaline Neymond
La consultation des délégués du personnel lors du reclassement du salarié in... 4 juillet 2017 | CMS FL
Détachement de salariés : la validité des certificats A1 mise à l’épreuve... 7 juin 2018 | CMS FL
Vague de froid : les recommandations ministère du Travail... 17 janvier 2023 | Pascaline Neymond
Prévention des risques professionnels, une source de contentieux multiples... 12 mai 2014 | CMS FL
Covid-19 : la fin des régimes d’exception... 25 juillet 2022 | Pascaline Neymond
Une visite de reprise est-elle possible sans reprise effective du travail ? Le c... 27 juin 2018 | CMS FL
Contestation des avis médicaux : une procédure en quête de clarification... 12 juillet 2017 | CMS FL
Articles récents
- La convention d’assurance chômage est agréée
- Sécurité sociale : quelles perspectives pour 2025 ?
- L’intérêt à agir exclut la possibilité pour un syndicat professionnel de demander la régularisation de situations individuelles de salariés
- Présomption de démission en cas d’abandon de poste : les précisions du Conseil d’Etat sur le contenu de la mise en demeure
- Quel budget pour la sécurité sociale en 2025 ?
- Syntec : quelles actualités ?
- Modification du taux horaire minimum de l’allocation d’activité partielle et de l’APLD
- Congés payés acquis et accident du travail antérieurs à la loi : premier éclairage de la Cour de cassation
- Télétravail à l’étranger et possible caractérisation d’une faute grave
- La « charte IA » : un outil de contrôle et de conformité désormais incontournable